Qu’est-ce que l’approche FODMAP? C’est d’abord et avant tout un outil aidant à identifier les intolérances alimentaires qui accentuent les symptômes digestifs occasionnés par le syndrome de l’intestin irritable (SII) (mettre lien pour accéder à l’article : Comprendre le SII). En revanche, ce n’est pas une nouvelle « diète » populaire à suivre sur plusieurs mois, voire plusieurs années. Bien réalisée, l’approcheFODMAP est très efficace pour t’assurer un meilleur contrôle de tes symptômes digestifs, plus particulièrement des gaz, des ballonnements, des douleurs abdominales & de la diarrhée. D’ailleurs, ces symptômes ont été significativement améliorés chez 75% des gens qui suivent l’approche FODMAP (1) !
L’approche FODMAP a été élaborée en 2005 par des médecins & des nutritionnistes de
l’Université Monash en Australie. Elle s’est répandue et est maintenant proposée par les
nutritionnistes & gastro-entérologues à travers le monde.
Public cible L’approche FODMAP s’adresse aux individus ayant : - La maladie cœliaque avec des symptômes gastro-intestinaux persistants malgré
une diète stricte sans gluten (2)
- Une maladie inflammatoire de l’intestin avec des symptômes gastro-intestinaux
similaires au SII (3)
- Le syndrome de l’intestin irritable (4)
*À noter qu’il est important d’avoir consulté un médecin avant de se lancer dans ce
protocole.
Définition
Le mot FODMAP est en fait un acronyme qui englobe quatre catégories de petites
molécules de glucides qui sont malabsorbées par l’intestin grêle. En réponse à sa
difficulté à gérer ces molécules, le corps envoie beaucoup d’eau dans l’intestin pour
diluer leur concentration, ce qui peut occasionner la diarrhée et/ou une distension
abdominale. Et avec tout ça, les bactéries intestinales s’en donnent à cœur joie dans ce
festin de petits glucides qu’elles fermentent volontiers et la fermentation produit des gaz.
Le F (fermentescible) décrit une caractéristique commune que partagent les composés
qui suivent dans l’acronyme (O, D, M et P) : ces molécules de sucre sont rapidement
fermentées dans l’intestin par les bactéries du côlon.
Les saccharides (O, D et M) sont des molécules de sucre plus ou moins grosses, c’est-à-dire contenant plus ou moins d’unités de sucre :
Oligosaccharides (3 à 10 unités)
Ce sont les galactans (galacto-oligosaccharides ou « GOS ») que l’on retrouve
entre autres dans les légumineuses & les fructans (fructo-oligosaccharides ou
« FOS ») dans le blé & l’ail. Dans l’intestin, ils produisent des gaz pouvant occasionner une distension abdominale & des flatulences.
Disaccharides (2 unités)
C’est le lactose, un sucre naturel que l’on retrouve dans les produits laitiers. Il
peut se retrouver en excès dans notre corps si nous avons une quantité
insuffisante de l’enzyme qui le découpe en sucres simples assimilables.
Dans l’intestin, une grande quantité de petites molécules pousse le corps à y
envoyer de l’eau pour réduire cette concentration (c’est littéralement un appel
d’eau). Cela produit une distension abdominale & des selles urgentes et
possiblement trop liquides étant donné la grande quantité d’eau qu’elles
contiennent.
Monosaccharides (1 unité)
C’est le fructose en excès dans notre organisme, qui provient par exemple des
asperges, des pommes, des poires ou du miel. Dans l’intestin, une grande quantité de ces petits sucres occasionne un appel d’eau qui se traduit encore une fois par une distension du ventre et des selles urgentes et liquides.
Puis, les polyols (P) sont des sucres-alcools qui se retrouvent naturellement dans
certains aliments comme le chou-fleur ou la pomme, par exemple, ou encore qui sont
synthétisés artificiellement puis ajoutés à certains aliments dits « sans sucre ».
Déroulement
L’approche FODMAP se découle en 3 phases :
1) Phase d’élimination : on substitut les aliments à haute teneur en FODMAP pour
des aliments à faible teneur en FODMAP sur 2 à 6 semaines ou jusqu’à ce que
tu observes une réduction importante de tes symptômes digestifs. L’objectif de
cette phase est de donner une « pause » à l’intestin. Les résultats attendus sont
une réduction de la fermentation – donc de la production de gaz (pas de
distension intestinale) – et une réduction du volume de liquide dans l’intestin (pas
d’effet d’appel d’eau).
2) Phase de challenge : on réintroduit une catégorie de FODMAP à la fois de façon
bien précise pour mieux identifier les aliments ou les catégories de FODMAP
responsables des symptômes digestifs.
3) Phase de personnalisation : on revient à l’alimentation normale en
réintroduisant les aliments FODMAP tolérés, tout en respectant les intolérances
identifiées lors de la phase de challenge. Les aliments qui contiennent des FODMAP, malgré qu’ils puissent occasionner des
inconforts digestifs, font partie d’une alimentation équilibrée. C’est pourquoi il est
vraiment important de les réintroduire dans la quantité tolérée après la période de
challenge. On pourrait avoir tendance à éviter ces aliments en remarquant une réduction
de ses symptômes gastro-intestinaux, mais on se priverait alors de leurs qualités
nutritionnelles.
L’approche FODMAP est une plutôt drastique et elle doit absolument être adaptée en
fonction de la personne, de son mode de vie, de ses préférences alimentaires et de
l’intensité des symptômes digestifs. Il est fortement suggéré d’être accompagné par une
nutritionniste expérimentée afin d’appliquer adéquatement ce protocole, notamment si tu
as des allergies ou intolérances alimentaires, si tu as d’autres diagnostics nécessitant
une alimentation particulière (ex : diabète, hypertension, etc.) et/ou si tu suis une
alimentation végétarienne ou végétalienne.
Un immense merci à ma collègue Léa Merrette, Dt.P., pour sa collaboration à la
rédaction de cet article.
Références :
1. Halmos, E. P., Power, V. A., Shepherd, S. J., Gibson, P. R., & Muir, J. G. (2014). A
diet low in FODMAPs reduces symptoms of irritable bowel
syndrome. Gastroenterology, 146(1), 67–75.e5. https://doi.org/10.1053/j.gastro.2013.09.046
2. Roncoroni, L., Bascuñán, K. A., Doneda, L., Scricciolo, A., Lombardo, V., Branchi, F.,
Ferretti, F., Dell'Osso, B., Montanari, V., Bardella, M. T., & Elli, L. (2018). A Low
FODMAP Gluten-Free Diet Improves Functional Gastrointestinal Disorders and Overall
Mental Health of Celiac Disease Patients: A Randomized Controlled
Trial. Nutrients, 10(8), 1023. https://doi.org/10.3390/nu10081023
3. Prince, A. C., Myers, C. E., Joyce, T., Irving, P., Lomer, M., & Whelan, K. (2016).
Fermentable Carbohydrate Restriction (Low FODMAP Diet) in Clinical Practice Improves
Functional Gastrointestinal Symptoms in Patients with Inflammatory Bowel
Disease. Inflammatory bowel diseases, 22(5), 1129–1136.
https://doi.org/10.1097/MIB.0000000000000708
4. Gibson, P. R., & Shepherd, S. J. (2010). Evidence-based dietary management of
functional gastrointestinal symptoms: The FODMAP approach. Journal of
gastroenterology and hepatology, 25(2), 252–258. https://doi.org/10.1111/j.1440-
1746.2009.06149.x
5. MONASH – Starting the FODMAP diet. https://www.monashfodmap.com/ibs-central/i-
have-ibs/starting-the-low-fodmap-diet/. [consulté le 27 janvier 2021].
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