Comprendre le syndrome de l’intestin irritable Peut-être as-tu déjà entendu parler du syndrome de l’intestin irritable, une condition très
commune au Canada et tout aussi irritante que le prédit son nom. Les retombées de cette maladie sur les activités sociales, le travail et la qualité de vie globale des gens qui en souffrent sont loin d’être négligeables. Je te propose donc que nous nous penchions ensemble sur les causes, les critères diagnostics et les symptômes qui sont associés à
ce fameux syndrome.
Plus connu sous le nom de « côlon irritable », l’appellation « syndrome de l’intestin
irritable (SII) » est dorénavant utilisée puisque les inconforts engendrés par cette condition ne se limitent pas seulement au côlon, mais à l’ensemble de l’intestin. Le SII est un trouble fonctionnel de l’intestin pouvant occasionner notamment des diarrhées, de la constipation, des ballonnements, des flatulences & des douleurs abdominales. Contrairement aux maladies inflammatoires de l’intestin, le SII ne résulte pas d’un dommage causé à l’intestin, mais plutôt d’une hypersensibilité du système digestif aux passage pourtant normal de gaz, de solides et de liquides dans ce dernier, ce qui entraîne des irrégularités dans sa motilité. On peut distinguer trois sortes de SII selon que le mouvement de l’intestin soit :
& Accéléré : SII-D
& Ralenti : SII-C
& Accéléré ou ralenti, en alternance : SII-M
Sujet parfois tabou ou considéré embarrassant, les troubles digestifs sont pourtant très
répandus dans la population et le SII serait le trouble digestif le plus commun au pays.
Selon la Société canadienne de recherche intestinale, cette condition toucherait de 13 à
20% de la population du Canada. La Fondation canadienne de la santé digestive, quant
à elle, rapporte 120 000 nouveaux diagnostics de SII par année qui s’ajoutent aux cinq
millions de Canadiens déjà atteints. Et puisque plusieurs personnes aux prises avec le
SII n’osent pas en parler à leur médecin et n’obtiennent conséquemment aucun diagnostic formel, on peut supposer que le nombre réel de cas est encore plus important, d’où la pertinence d’en parler!
Causes
La cause du syndrome de l’intestin irritable n’est pas bien définie ni même unique : il s’agit d’une maladie multifactorielle. On pense qu’il y aurait une interaction entre le microbiote, l’intestin, le système nerveux et d’autres facteurs externes. Plusieurs hypothèses ont été avancées pour expliquer la survenue de cette condition, notamment :
Des anomalies au niveau du système nerveux entérique (les neurones du système digestif), soit une contraction anormale de l’intestin reliée à ses récepteurs de la sérotonine et/ou une hypersensibilité du nerf entourant l’intestin:
-Un débalancement du microbiote intestinal
-Des mauvaises habitudes alimentaires et/ou une consommation excessive d’alcool
-Certains événements qui précipiteraient l’apparition du SII (stress psychologique, prise d’antibiotique, infection gastrointestinale, intoxication alimentaire, épisode de diarrhée du voyageur)
-Une prédisposition génétique.
Symptômes
Concernant les symptômes, il en existe une panoplie outre les douleurs abdominales
récurrentes, entre autres :
-Distension abdominale / ballonnements
-Gaz abondants
-Consistance anormale des selles (dures et/ou défaites/déchiquetées)
-Fréquence anormale des selles (moins de 3 fois/semaine ou plus de 3 fois/jour)
-Bruits intestinaux (borborygmes)
-Sensation d’évacuation incomplète
-Urgences défécatoires
-Présence de mucus dans les selles
Source : badgut.org
Les symptômes précédemment décrits ne sont pas particulièrement spécifiques au SII;
ils peuvent être ressentis occasionnellement chez tout le monde. Tout dépendant de
notre tolérance digestive personnelle, il peut être tout à fait normal d’avoir beaucoup de
gaz avec un généreux plat de légumineuses par exemple. C’est donc surtout à la
récurrence des symptômes qu’il faut se fier pour distinguer le SII d’un trouble digestif
plus passager.
Enfin, certains symptômes du SII ne touchent spécifiquement le tube digestif, mais y
seraient tout de même reliés, notamment les migraines, certains troubles du sommeil,
les douleurs chroniques, etc. L’ensemble des symptômes peut réellement nuire aux
activités quotidiennes et c’est pourquoi leur prise en charge est essentielle pour
s’assurer une qualité de vie satisfaisante.
Diagnostic
Les critères diagnostics actuels pour le SII sont basés sur les critères de Rome IV
(2016). Ces critères sont les suivants :
1) Douleurs abdominales récurrentes
Plus d'une journée par semaine
Depuis les 3 derniers mois
Apparition des symptômes gastro-intestinaux depuis 6 mois ou plus
2) Le point n°1
est associé à au moins deux critères parmi les suivants:
La douleur s'atténue avec la défécation
La douleur est liée à un changement dans la fréquence des selles
La douleur est liée à un changement dans la forme des selles (diarrhée ou constipation)
Notons que le SII est une maladie dite à diagnostic d’exclusion, c’est-à-dire qu’on la
diagnostique seulement après avoir confirmé qu’il ne s’agit d’aucun autre problème de
santé lié au système digestif. Plus précisément, le médecin doit d’abord éliminer toute
autre cause digestive expliquant les symptômes rapportés : maladie cœliaque, maladie
inflammatoire de l’intestin, infection gastrointestinale, parasite, allergies alimentaires.
C’est seulement lorsque ces autres conditions sont écartées que l’on peut considérer
qu’il s’agit du SII. Il est primordial d’éviter l’autodiagnostic puisque d’autres maladies
plus sévères pourraient causer les mêmes symptômes.
Tu penses avoir le syndrome de l’intestin irritable? Consulte d’abord ton médecin pour
éliminer toute autre condition médicale et pour un traitement adéquat. Si tu as besoin
d’accompagnement à la suite d’un diagnostic, n’hésite surtout pas à me contacter pour
obtenir plus d’informations sur mes consultations individuelles & comment je peux te
venir en aide.
Un immense merci à ma collègue Léa Merrette, Dt.P., pour sa collaboration à la
rédaction de cet article.
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